Neuroplastique

Longtemps les scientifiques ont cru que le cerveau, une fois mature, se caractérisait par la stabilité de ses connexions, jugées immuables. Les preuves de la neuroplasticité s’étaient pourtant multipliées depuis plusieurs millions de milliard de synapses.

Il fût admis que la modification à long terme de l’efficacité de la transmission synaptique était la base cellulaire de la mémoire et de l’apprentissage, dont dépendait cruellement la survie de l’espèce humaine : à l’ère anthropocène se révélaient inadaptés de nombreux comportements prédateurs acquis depuis le début de l’évolution.

Des neuroplasticiens tentaient d’accélérer la transformation de leur connectome. Ces précurseurs prenaient soin de leur sommeil, pratiquaient une activité sportive, favorisaient échanges et partage, se préservaient des psychotropes toxiques, évitaient les pollutions visuelles et sonores, s’entraînaient à pleinement ressentir le présent, s’imprégnaient d’éphémères émerveillements.

Restait l’inexplicable lenteur. — L’ampleur et la vitesse des modifications observées chez les praticiens plafonnait malgré la valorisation socio-culturelle, les catalyseurs moléculaires, les expositions électromagnétiques, les traductions de philosophies ancestrales ou le simple espoir persistant. Une vie entière pourrait ne pas suffire à maîtriser sa propre plasticité neuronale, alors on essayait d’apprécier jusque la lenteur du chemin.

D’après « Écrire avec Kafka : les quatre versions de Prométhée », proposition d’écriture par François Bon 

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